HABITER

C’est se construire en construisant le monde, être dans le monde, faire corps avec l’espace.

Je parcours les villes, Paris, Baltimore, Bombay toujours à l’exploration de la banlieue, de cette zone aux bords flous, me nourrissant de l’apparence sensible des lieux, en essayant de prendre conscience de la globalité de la réalité du paysage, tentant de donner à voir les parties “au-delà, non visibles“ d’un territoire. À chaque fois, il s’agit de “lire“ la ville, de jouer des interactions entre le paysage et ses habitants, d’effectuer une nouvelle lecture du territoire, de porter un autre regard.

Ce travail prend la forme de diptyques, l’association de deux images cherche à créer un hors champ chez le spectateur, elles deviennent le début d’une fiction. La ville possède un pouvoir d’évocation, d’interprétation, la photographie naturalise la ville, qu’elle porte à envisager comme organisme vivant, elle se nourrit et esthétise ses désastres immobiliers, catastrophes architecturales, irruptions urbaines. La ville est en soi déjà une fiction, elle devient ici centrale fictionnelle, elle s’éclaire de l’intérieur. Ces diptyques viennent révéler des histoires imaginaires, Paris et sa périphérie, Epinay sur Seine, Créteil, Colombes, parcours de résidences et d’ateliers artistiques, de projet éditoriaux, autant de territoires livrés à une lecture photographique sensible.

Mon approche artistique s’élabore autour de questionnements liées aux grands changements de notre environnement: mutation économique, territoriale, technologique, sociale et climatique. Il semble que la métropolisation du monde soit irrévocable, ce travail vient questionner notre place face à l’emprise urbaine.