Entre disparition et accommodation

Loin de scruter l’instant propice au déclenchement, je photographie des instants, cherchant à créer l’inattendu, l’intervalle de quelques minutes où quelque chose va se passer devant le trou d’aiguille de mon appareil en bois et se défaire sur la plaque photographique. En posant deux minutes la boîte à image

là où tout s’agite, à La Défense, sur les bords du périphérique, aux marges d’un terrain de sport, je photographie la dissolution de la présence humaine dans une mise en condition de la présence et de l’absence de la foule. Dans une autre dimension de la durée, la photographie dépouille la scène de l’anecdote dans son fait même. Les objets, les êtres en mouvement s’impriment et s’effacent, se croisent et se fondent, se recoupent et se perdent dans une image apparaissante - disparaissante non stabilisée. Ces images se meuvent dans l’instant, entre la disparition et l’accommodation, elles énoncent le durable

et le fortuit. L’impersonnalité des échanges et la décoloration monétaire des choses émousse le regard du citadin blasé de la ville, ici, la photographie intervient dans un processus de dissolution de la présence humaine. Dans la ville ainsi vidée de l’intensité de la foule, ce travail vient donner forme

à une frontière invisible entre la ville et ses habitants tout en dévoilant un au-delà de la perception photographique.